À mon Poulet Croq... Sache que

À mon Poulet Croq... Sache que

Témoignage famille de parrainage

Mammouth


EUR 16,90

Format: 13,5 x 21,5 cm
Nombre de pages: 172
ISBN: 978-3-99146-260-6
Date de publication: 14.03.2024
Parrainer un enfant un week-end par mois était une évidence pour Mammouth. Bien que son duo avec Poulet Croq’ dépassait ses espérances, rien ne s’est déroulé comme prévu! De nombreux obstacles viennent entraver leur relation, jusqu’à la décision finale …
Prologue
1. Bienvenue dans mon Royaume !

Non pas le château de princesse, mais bien le Royaume tout entier !
J’aurais préféré démarrer cette histoire par « Il était une fois » et la terminer par « Ils vécurent heureux », mais elle n’a rien d’un conte de fée, donc je m’abstiendrai !

Vous avez entre les mains un « Story Time » (tranche de vie) basé sur une « True Story » (histoire vraie) comme disent les jeunes de nos jours… Je m’adapte !

Bien qu’inspirées de faits réels, certaines informations ont été modifiées afin de garantir l’anonymat.
Toute ressemblance avec des endroits et des personnages existants ou ayant existé ne serait que… « pure coïncidence ».

Avertissement :

Aux familles de parrainage, ne comparez pas cette situation à la vôtre, chaque histoire est unique, chaque enfant l’est également. Vous disposez d’un témoignage parmi tant d’autres.
À ceux et celles qui jugent, fustigent, critiquent : je ne peux en tenir compte car d’une part, on ne refait pas le passé et d’autre part, personne n’a été amené à « porter mes chaussures » comme on dit.
Ce témoignage authentique est à lire avec du recul. Il n’existe pas de prétendues familles parfaites ; nous faisons simplement de notre mieux, un point c’est tout.


En parlant de jeunesse, dans ce Royaume, les lutins qui y vivent évoluent généralement au sein de leur famille de naissance, mais il se peut que, pour une raison ou une autre, un système alternatif soit mis en place pour certains enfants ; tels que l’adoption plénière ou simple, l’accueil, l’accueil d’urgence ou le parrainage. C’est précisément dans ce dernier cas de figure que notre histoire se situe.
Bien décidée, après mûre réflexion, je me relance dans l’aventure du parrainage ; offrir une « bulle d’oxygène », un temps de pause ponctuel un weekend par mois en moyenne à un lutin, est pour moi une évidence ; l’une des assistantes sociales m’a dit un jour :
« Vous savez, nos lutins n’ont besoin que d’un “tiroir” et de beaucoup d’amour » ! J’avais saisi l’idée.
Sur le papier, tout me semblait bien rôdé ! D’autant plus que j’avais déjà été famille de soutien pour des jumeaux. Me relancer dans l’aventure ne devrait pas poser trop de problèmes. Cette décision est si importante à prendre qu’elle nécessite d’être mûrement réfléchie. Le parrainage d’un lutin peut s’étaler parfois sur plusieurs années et s’arrêter brusquement (émotifs level +++ s’abstenir !).

J’émettais deux conditions : je voulais entrer le plus tôt possible dans la vie de cet enfant et éviter toute ressemblance physique. Une manière en quelque sorte d’imposer une barrière naturelle entre nous afin d’éviter toute confusion de la part des habitants du Royaume mais également du lutin et de moi-même…
Situation sans équivoque dès le départ : j’étais et resterais la Marraine, et non la Maman de cet enfant. Rien ni personne ne remplacerait sa mère…
Je voulais que tout soit prêt pour accueillir au mieux ce petit ou cette petite. Chaque mois, je me procurais du matériel de puériculture neuf ou d’occasion, sans savoir sur quel type de lutin je tomberais… Une poussette, un siège auto, des vêtements, des jouets, une baignoire, des livres, une draisienne, une chaise haute… Motivée comme jamais, je voulais m’assurer qu’il ou elle ne manque de rien ! Avoir tout à disposition simplifie la vie.
J’avais opté autant que possible pour des objets évolutifs ayant pour double avantage de s’adapter au mieux à l’âge du lutin et à son évolution ! De plus, c’est économiquement plus intéressant… et c’est un gain de place. Ce compromis convenait au mieux à mes besoins.


J’entre donc mon dossier de candidature auprès du Service de parrainage, plus décidée que jamais. Une multitude de questions personnelles me sont posées, selon la procédure. Je me rends également chez mon médecin de famille afin qu’elle me fournisse une « attestation de bonne santé » si je puis dire…
Un test psychologique est également prévu. Je me demande, et cet avis n’engage que moi, sans jugement aucun, si un jour les familles de naissance du Royaume seront également amenées systématiquement à devoir passer des tests « d’aptitudes parentales » ? Et si oui, existera-t-il des écoles ou des formations de remise à niveau pour toutes les familles sans distinction aucune, afin d’apprendre à devenir un parent équilibré, bienveillant et aimant, pour le bien-être de l’enfant ?
Simple question d’équité…
Médicale ou psychologique, chaque épreuve passée par la famille de parrainage, cette famille de soutien, nous rapproche un peu plus de notre objectif, mais risque à tout moment de nous en éloigner définitivement, si près du but. D’autre part, je comprends la volonté du Royaume de s’assurer, dès la sélection, de l’équilibre, la constance, l’implication et de la cohérence des familles de soutien auxquelles les lutins déjà fragilisés par la vie seront confiés.
L’analyse de la stabilité et de l’équilibre des citoyens bienveillants amenés à accueillir des enfants chez eux, au-delà de leur simple bonne volonté de vouloir apporter de l’amour et un peu de soleil dans leurs vies, est une étape non négligeable, incontournable et primordiale !
Mon dossier complet et en ordre sous le bras, c’est confiante que je me rends à l’assemblée. Nous sommes assez nombreux, mais je sais d’avance que tous les candidats au parrainage ne seront pas sélectionnés et que pour certains, l’aventure s’arrêtera déjà.
Je sais également que plus tard, par épuisement, des familles engagées dans l’aventure du parrainage seront contraintes d’abandonner, de gré ou de force, en cours de route, lorsque la situation sera devenue incontrôlable…
L’attente me semble très longue avant de recevoir un appel du Service de parrainage m’annonçant que ma candidature a été retenue… Mais le délai l’est encore plus avant de savoir qu’un lutin pourrait prochainement entrer dans ma vie. Je ne le connais pas, mais une chose est certaine, je l’aime déjà.
Un beau jour, enfin, un appel du Service de parrainage.
— Bonjour Madame, je vous contacte pour vous annoncer que nous avons un lutin à vous proposer pour votre projet…
Son âge ne correspond pas à mes critères… Aïe…
Silence (déception ?) …

Mon interlocutrice se reprend et s’excuse ; elle m’explique qu’elle s’est trompée de dossier. Le lutin qui m’est destiné a trois ans et se trouve dans une nurserie non loin de chez moi…

Silence…

Et de rajouter :

— Par contre, vous qui ne vouliez pas qu’il vous ressemble, il vous ressemble comme deux gouttes d’eau !
Je n’oublierai jamais cette dernière phrase. Je fonds !
C’est fou la place qu’il y a dans un cœur capable d’aimer à l’infini ! L’amour aveugle.
Oui, j’aurais préféré que l’on n’ait aucune ressemblance physique afin d’éviter toute confusion ; la vie en a décidé autrement et c’est bien comme ça également ! J’accepte cette proposition avec grand plaisir, car après tout, on ne choisit pas un enfant « sur catalogue ».

Si mes souvenirs sont bons, j’avais un délai de réflexion avant de rencontrer le lutin en question… Je ne m’en souviens plus. Ma décision était déjà prise. L’amour absolu est un sentiment inexplicable et ce, même pour un enfant auquel je n’ai pas donné la vie et que je ne connais pas encore !
Quelque chose me dit qu’on est liés à jamais et que l’on s’aime déjà pour l’éternité !




2. Rencontre !

7/05/2014

Cher Journal,

« J’ai acheté un album photos pour le p’tit d’homme, vendredi, je l’accueille pour la première fois ! :) J’ai hâte et peur en même temps… J’espère que le courant passera bien entre lui et moi. »

Tout est prêt pour le recevoir. J’ai un petit studio, mais modulable à souhait, et surtout rempli d’amour. J’ai hâte d’accueillir ce petit être chez moi, dans mon cœur et dans ma vie ! J’ai baptisé mon appartement « Le Cocoon ».
Je suis un peu stressée, je n’aurai pas deux fois l’occasion de lui faire bonne impression.
Deux assistantes sociales escortent cette mini célébrité ; si mes souvenirs sont bons, elles étaient déjà venues visiter Le Cocoon afin de s’assurer qu’il était conforme à l’arrivée d’un enfant. Tout est en ordre, sauf la terrasse, sur laquelle il est évident que le petit ne pourra pas se rendre seul.
Je n’oublierai jamais la rencontre avec cet être miniature, lorsque j’ai ouvert la porte et découvert cet oisillon tombé du nid… Tu étais si petit… Tu t’es caché derrière l’assistante sociale, poussé par la curiosité de me voir, mais retenu par la peur de s’aimer.
J’avais préparé un petit goûter, ensuite, les assistantes sociales s’en sont allées, nous laissant seuls tous les deux. Beaucoup trop d’émotions d’un coup, une sieste s’imposait. Tu t’es endormi confiant et paisible, tel un angelot posé sur un nuage. Je t’ai ensuite reconduit à la nurserie.
Le parrainage se passe progressivement : un mois plus tard, je viens te chercher pour passer un « petit weekend » ensemble. Cet intitulé n’est pas une simple expression, mais signifie que tu ne passes pas un weekend entier au Cocoon. Adaptation progressive oblige…
Je voulais équilibrer au mieux des activités en extérieur et des moments plus calmes à deux à la maison, pour continuer d’apprendre à nous connaître. Je ne suis pas encore maman et ne dispose pas non plus de manuel pour devenir Marraine émérite !
Je suis en écolage et fonctionne à l’intuition, navigue aux instruments… à la débrouille. En phase d’apprentissage tous les deux, nous sommes en observation l’un de l’autre. J’essaie de m’adapter à toi… et je suis sûre que, derrière tes trop nombreux sourires, tu es en train de me déchiffrer, du haut de tes trois ans. Qui est cette nouvelle dame, qui entre subitement dans ta vie en te consacrant du temps rien que pour toi ? Bien sûr, je t’avais envoyé une photo de moi avant notre première rencontre, afin que tu puisses te faire à l’idée que tu me reverrais souvent… Tu as pu mémoriser le moindre de mes détails. Encore te fallait-il enregistrer ma voix, mes expressions, ma gestuelle, apprendre à anticiper mes réactions… Tout cela est nouveau pour toi, et pour moi également ! Tout ce que je sais, c’est que tu es un merveilleux cadeau de la vie !


3. Premières expériences !

Ton sourire, ta politesse, ta gentillesse m’interpellent…

Sans aucun doute, nous sommes en pleine phase de « lune de miel ». Je savais bien que cette opération « séduction » apparaîtrait à un moment ou un autre de notre processus d’apprentissage…
Après ta sieste, je t’emmène, sac au dos, pour une petite promenade ; tu découvres les transports en commun, le monde, les magasins, les passages pour piétons, les rails du tramway… Tout éveille ta curiosité ; c’est un plaisir de te voir t’émerveiller ! Je t’explique ce que tu vois, entends, ce que tu ne comprends pas. Je réponds à chacune de tes questions, tout en respectant ton rythme…
En rentrant, je te propose une routine réconfortante et rassurante, toujours la même pour des années ; un « grand bain », un repas, une histoire sur les sons des oiseaux, et te voilà parti au pays des rêves.
Dors bien, petit d’homme. Je veille sur ton sommeil.

Go réveiller Marraine à 06 : 00 du matin un samedi !

Cependant, j’ai bien envie de régler l’heure de ton réveil naturel, car pour la marmotte que je suis, se lever à l’aube un weekend n’est pas compatible ! Ce n’est pas parce que tu es réveillé que je le suis forcément, ni même que c’est une heure pour entamer la journée ! :)
Je te propose une nouvelle expérience de vie, celle d’un barbecue entre amis. Te voilà présenté à mes proches, et le contact est immédiatement bien passé. Nous sommes en pleine Coupe du Monde ; l’ambiance est festive. Tu n’aimes pas le foot, mais apprécies notre euphorie !

Je remarque que tu tombes régulièrement. Tu perds facilement l’équilibre ; te voilà basculant en arrière en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, et ta chute amortie par… un tas d’orties ! Depuis cette expérience, tu crois toutes les plantes piquantes, et tu as appris à t’en méfier. Petit à petit, je t’invite à les observer, les comprendre et les différencier.

Deux mois plus tard, tu commences lentement mais sûrement à prendre tes marques ; je veille à créer des rituels sécurisants, toujours les mêmes, afin que tu puisses prendre tes repères sans difficultés ni imprévus, et du haut de tes trois ans, être le plus autonome possible ; ça t’aide à développer ta confiance et te permet d’être fier de ce que tu accomplis. De plus, nos rituels te rassurent.
Quelques expériences restent pour toi difficiles à traverser, telles que « l’épreuve » du miroir à la sortie de ta douche et le passage à table. Te regarder dans la glace est très douloureux pour toi ; mon cœur de Marraine se serre le jour où, du plus profond de ton âme et au bord des larmes, face à ton reflet, tu profères distinctement, du fin fond de tes tripes :
— Oh mais qu’est-ce qu’il est moche Xxxxxx !
Mon cœur de Marraine se fend, se brise, se casse en deux. Ton reflet ne te donne pas satisfaction ; je t’apprends progressivement à te regarder bien en face, à apprécier celui que tu vois dans la glace et à prendre confiance en toi, soin de ta personne.
Tes cheveux et ta peau de lutin ont des besoins ethniques spécifiques ; nous t’apprenons patiemment, Taty Choupy et moi, à les entretenir avec des produits naturels adaptés, des coupes qui te vont à merveille et font de toi le BG (beau gosse) que tu arriveras à apprécier au fil du temps. De plus, le fait d’être bien dans ta peau te permet de respecter la valeur d’autrui par
là-même.
Te « surcoter » écrase les autres, te « sous-coter » te diminue auprès d’eux. Alors qu’il n’existe personne au-dessus ni en-dessous de toi. Tu vaux autant que tout un chacun, ni plus, ni moins. En s’estimant à sa juste valeur, on le comprend. En prendre conscience est déjà un bon début !
De plus, le fait de voir ici des petits garçons qui te ressemblent, des enfants originaires des « quatre coins du Monde » (je n’ai jamais compris cette expression) t’offre un panel de diversités enrichissant, et t’aide à admettre que nous sommes différents les uns des autres, que chaque ethnie a ses besoins spécifiques, pour prendre soin de soi par exemple… mais que tous se respectent et que toi, mon p’tit d’homme, tu fais pleinement partie de cette collectivité, avec tes singularités. Tu n’es ni trop, ni pas assez. Ne remets jamais en doute ta légitimité.
Un jour, tu me confies qu’une dame présente à ton école t’a fait une remarque déplacée lorsque le ballon dans lequel tu as frappé a renversé son sac accidentellement. Elle s’est approchée et t’a dit :
— Fais attention ; mon sac a bien plus de valeur que toi !
Tu n’as pas saisi l’intensité de la violence de cette phrase, que tu pensais drôle initialement… Lorsque je t’ai expliqué, avec des mots adaptés, le sens du message passé par cette dame, j’ai ressenti ta peine. Je ne te le redirai jamais assez, tu n’as pas moins de valeur que quelqu’un, que quelque chose d’autre ! D’où l’importance d’apprendre à t’accepter et à te respecter tel que tu es, ainsi que les autres pour ce qu’ils sont. Quant aux personnes ne correspondant pas à tes principes et à tes valeurs, laisse-les de côté. Entoure-toi de ceux qui te sont bénéfiques.
Je mets un point d’honneur à t’aider à t’aimer et te respecter avant tout.
Je suis régulièrement en contact avec ta nurserie pour donner par missives électroniques des nouvelles de ton adaptation en famille de parrainage. Inconsciemment, j’ai peut-être besoin d’être rassurée, de savoir que je fais bien les choses et que mes programmes te conviennent. J’ai envie de faire de mon mieux. S’occuper de l’enfant d’une autre est tout de même délicat. J’aspire à ce qu’il ne t’arrive rien, tout en ayant conscience qu’il n’existe pas de « cloche en verre » pour y placer les enfants afin de les protéger au mieux.
Je dois donc me résoudre à te faire découvrir le Monde sans papier bulle autour de toi. Apprendre à nous faire confiance mutuellement. Je te promets qu’il ne t’arrivera rien, que l’on formera une équipe solide à nous deux et qu’ensemble, nous y arriverons. Pour cela, j’ai besoin de ton concours, seule je n’y arriverai pas.

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