Les Cavaliers de Zapata

Les Cavaliers de Zapata

Hacienda Chinameca

FF Valberg


EUR 22,90

Format: 13,5 x 21,5 cm
Nombre de pages: 208
ISBN: 978-3-99130-081-6
Date de publication: 27.02.2024
Printemps 1914. Dans les plaines du Valle de Mexico retentit notre chant de guerre. Vient le jour fatidique où Zapata est tombé. Notre chevauchée ne s'est pas arrêtée là et pour lui, elle continue encore aujourd'hui sur les cimes des montagnes du Morelos.
PRINTEMPS 1914

Nous sommes d’éternels rebelles.
Depuis 1911, nous avons chevauché un sacré chemin. Nous avons combattu tous les régimes mis en place à Mexico. D’abord le régime de Porfirio Díaz, puis celui de Madero. Ensuite, celui
d’Huerta.

Maintenant, l’étau se resserre autour de Mexico et le régime du dictateur Huerta entre en agonie. Fin mars, nous nous sommes emparés de Chilpancingo, la capitale de l’État de Guerrero. Début mai, nous prenons Jojutla et encerclons Cuernavaca, la capitale du Morelos, située à cinquante kilomètres au sud de Mexico.

Les vastes plaines retentissent du chant des cavaliers de Zapata.

Au nord, Pancho Villa remporte la bataille décisive de Zacatecas.
La ville est conquise de haute lutte.

À la mi-juillet, le dictateur Huerta s’embarque à Veracruz sur le paquebot Ipiranga. C’est le même bateau qui a emmené Don Porfirio en exil, trois années plus tôt.

Nous voici aux portes de Mexico Tenochtitlan, l’ancienne capitale de l’empire aztèque.



I
LES VASTES PLAINES


1
LAS DIOSAS DE LA VENGANZA

L’atroce drame de la trahison d’Huerta et l’assassinat de Madero ont ébranlé le pays, rallumé les passions et semé la confusion partout.
Chaque semaine, des centaines de fermiers et de travailleurs agricoles sont enrôlés et transportés à Mexico dans des wagons à bestiaux. De là, ces nouvelles recrues sont envoyées dans le nord pour y servir de chair à canon.
Le général Robles applique sans vergogne les tactiques apprises lors des guerres contre les Indiens rebelles : les Yaquis du Sonora et les Mayas du Yucatan.

À nos yeux, la « recolonisation » est une farce, aussi grotesque que criminelle.
Les fédéraux ne réussissent même pas à dépeupler les pueblos. Dès que les villageois voient approcher une colonne, ils se réfugient aux alentours, dans les ravins et dans nos camps sur les collines. La colonne repartie, ils regagnent en catimini leur village brûlé.
Le malheur, c’est la grande misère dans nos campements sur les collines. La malaria et la pneumonie y rôdent. Nous n’avons presque pas de viande. Il n’y a pas de médicaments. Ceux qui ont échappé à Robles sont obligés de dormir sous la pluie glacée, à même le sol trempé, enveloppés dans une simple couverture, le plus souvent en loques.

Il y a quelques jours, La China est passée dans notre camp.
La China est une femme robuste, une ancienne tortillera. Elle avait avec elle une trentaine de ses partisanes. Ces femmes disent qu’elles sont les vengeresses de leurs morts.
À Puente de Ixtla, les veuves, les filles et les sœurs des rebelles ont formé leurs propres bataillons pour « venger leurs morts ». Elles sont les déesses de la vengeance : les veuves, les vengeresses de leurs maris ; les filles, les vengeresses de leurs pères ; les sœurs, les vengeresses de leurs frères.
— Ces femmes sont sorties tout droit de l’Ancien Testament, a dit Moctezuma. Elles appliquent la loi du talion. Sans pitié et sans scrupules. Elles sont admirables.
Moctezuma a raison.
— Si j’étais leur ennemi, j’aurais la trouille de passer sur leur chemin, a dit Santiago. Elles sont magnifiques.
Cette fois-ci, il n’y avait pas le moindre accent de sarcasme dans la voix de Santiago.
Moi aussi, je partage l’avis de Moctezuma et de Santiago. J’aurais des sueurs froides si je les avais pour ennemies.
Dans ces conditions, il n’est pas étonnant qu’elles soient devenues la terreur de leur région. En sandales, portant chapeaux et cartouchières, les unes en haillons, des loqueteuses ; d’autres parées de frusques volées, des princesses.
Quand La China a vu ce qui se passait dans notre campement, elle a serré les poings de rage et
murmuré :
— Madre Santisima, nous jetterons tous ces « recolonisateurs » aux pourceaux ! Porqueria, porqueria !


2
JUVENCIO ROBLES
EL TERROR

Emiliano a pris la tête de la révolte.
Nous nous efforçons d’organiser les forces populaires. De plus en plus de chefs se déclarent partisans de Zapata et adhèrent au plan d’Ayala.
Moctezuma a rédigé un amendement audit plan. Huerta y est désigné comme un usurpateur qui se fiche de la loi, du droit, de la morale et se fait une réputation pire que Madero.
À cause de sa compromission avec Huerta, Orozco est jugé indigne de l’honneur que la Junte révolutionnaire de Morelos lui avait fait en le nommant chef national. Désormais, Zapata assume lui-même officiellement la direction du mouvement d’Ayala.

À mesure que la révolution du Sud se réorganise et se rallie à nous, elle fleurit.
Nos guérilleros lancent des raids jusque dans les banlieues de Mexico.

Néanmoins, la sinistre farce a continué du côté des fédéraux.
Un jour, le colonel Carton a fait charger ses troupes sur Huautla pour trouver la ville désertée. Battant rapidement en retraite, il s’est trouvé une compensation en brûlant des pueblos et des ranchos dans la région et les fédéraux sont entrés de nouveau dans la cité. Une cité plus vide que jamais. Et ils ont clamé victoire : « Nous avons mis la main sur les archives de Zapata et sur une cachette contenant quarante mille fusils avec les munitions. Les hordes de Zapata ont été complètement détruites »,
télégraphie Robles à Huerta.

Premier grand éclat de rire de Moctezuma :
— Ceci est une illustration parfaite de bêtise humaine ! Il n’a rien appris, il n’a rien pigé. On ne dirait pas qu’il a combattu les guérillas pendant des années. Nous fixer en un seul endroit annoncé et nous anéantir d’un coup de boutoir ? Ha ! ha ! ha ! Qu’il faut être buté pour n’envisager qu’un seul instant une telle stratégie à la con. Supposons qu’il parvienne à nous encercler à notre insu, nous nous dispersons, nous filons à travers ses lignes comme des lièvres pour établir notre quartier général un peu plus loin.
Quel tollé de triomphe à Mexico ! Suivi d’un déluge de promotions aux « vainqueurs ». Robles obtient le grade le plus élevé de général de division. Carton devient général.

Deuxième éclat de rire de Moctezuma :
— Voilà que ces abrutis persistent et signent le Grand Bêtisier de l’Histoire ! Eh ben, nous allons leur montrer si les hordes d’Attila sont complètement détruites !
La menace politique et militaire s’accroît chaque jour dans le Nord. Huerta est obligé d’y engager ses principales forces offensives et de ne laisser dans le Sud que des garnisons défensives à effectifs réduits, concentrées dans les chefs-lieux de district, juste assez importantes et proches les unes des autres pour nous dissuader de tenter des attaques que nous payerions de trop de vies et de munitions. Ce qui fait que nous nous chevauchons à notre guise par les collines et les ravins, à travers de vastes étendues de champs en cendres. Deux ans plus tôt, elles étaient de florissantes plantations de canne, de riz et d’une multitude de cultures maraîchères. De temps en temps, la monotonie de ces paysages dévastés n’est interrompue que par les tristes ruines calcinées d’un village ou d’un hameau.

Puis la nouvelle est tombée que Pancho Villa s’est emparé par un coup de maître de Torreón, l’important centre ferroviaire du Coahuila.
Quel sacré coup d’adrénaline pour nous ! Nous repasserons bientôt à l’offensive nous aussi. Il nous reste un compte à régler avec le massacreur de nos villages, un certain Juvencio Robles, dit El Terror.


3
CHILPANCINGO
Cronica zapatista
Moctezuma Las Casas

Nous sommes maintenant devenus des stratèges chevronnés.
— Des stratèges qui ont besoin d’une victoire importante, nous dit Emiliano.
Il fait une pause, laisse planer le silence pendant quelques instants.
— Notre cible est Chilpancingo.
Chilpancingo, la capitale du Guerrero. C’est dans cette petite ville que José Maria Morelos a réuni le premier Congrès mexicain et prononcé le 6 novembre 1813 la déclaration d’indépendance, proclamé l’égalité des races et l’abolition de l’esclavage. Le site est un endroit stratégique dans la Sierra Madre del Sur, le long du rio Huacapa.

Notre campagne prend corps.
Le réseau de communication du Guerreiro fait partie de nos plans stratégiques. La ligne de chemin de fer venant de Mexico se termine à Iguala. Pour aller d’Iguala à Chilpancingo, il faut traverser la vallée impaludée du Balsas et des chaînes de montagnes. C’est une marche difficile de deux à trois jours.

Zapata a ordonné aux chefs les plus importants du Morelos d’occuper les fédéraux dans leurs régions respectives. À nous d’effectuer des manœuvres de diversion dans le sud de l’État. Le plan consiste à menacer Iguala de plusieurs côtés pour y retenir les fédéraux et isoler ainsi Chilpancingo.

Janvier et février passent en préparatifs de l’attaque de Chilpancingo.
Début mars, divers chefs rebelles ont pris leurs positions près de Chilpancingo quand nous arrivons avec des renforts et établissons un quartier général provisoire à Tixtla, à quelques kilomètres de la ville.
Nous sommes environ cinq mille hommes et nous avons en face de nous quatorze cents fédéraux sous le commandement de Carton.
Le siège de Chilpancingo commence.

Fin mars, une charge est lancée contre la ville, les lignes de défense fédérales sont brisées et le lendemain matin la ville est entre nos mains.
Nous nous lançons aux trousses de Carton qui s’est échappé par la route d’Acapulco avec ses officiers, six cents soldats et un important matériel. Nous les rattrapons dans le village d’El Rincon, à soixante kilomètres au sud. Les soldats fédéraux sont désarmés et immédiatement remis en liberté. La plupart sont des conscrits et beaucoup d’entre eux passent dans nos rangs.

Carton n’en mène pas large. Il sait ce qui l’attend. Lui et ses officiers sont emmenés à notre quartier général de Tixtla et traduits devant la cour martiale. Les instigateurs des incendies sont condamnés à mort et exécutés. Le général Carton est fusillé sur la place publique de Chilpancingo.
Nous avons saisi, à Chilpancingo et à El Rincon, un impressionnant butin : canons, mitrailleuses, fusils, munitions et des fonds du gouvernement fédéral.

Après la chute de Chilpancingo, notre plan prévoit l’avance sur Mexico.

vous pourriez aimer aussi :

Les Cavaliers de Zapata

Michelle Sue Kraft

Riphasnibur - Un mystère mortel

autres livres de cet auteur

Les Cavaliers de Zapata

FF Valberg

Le calvaire de Jessica

Les Cavaliers de Zapata

FF Valberg

Les cavaliers de Zapata

Évaluation :
*Champs obligatoires